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4 janvier 2012 3 04 /01 /janvier /2012 14:56

 

Relations au travail, formes d'emploi, gouvernance, responsabilité sociale de l'entreprise... Le CAS (Centre d'analyse stratégique) dresse le portrait de la France au travail en 2030. Une évolution plus qu'une révolution.



Projetons-nous en 2030. La France sera plus peuplée, plus âgée et sa population active deviendra plus nombreuse. Dans un même temps, le chômage structurel sera inférieur à celui d'aujourd'hui.
Le salariat restera dominant mais d'autres formes de travail (multi-activité, portage salarial, franchise...) continueront à se développer. Le temps de travail restera, lui, à son niveau actuel, avec un éclatement des horaires atypiques de travail.


C'est dans cette France de 2030 que le Centre d'analyse stratégique (CAS) a planté son décor. Avec son rapport " le travail et l'emploi dans 20 ans ", publié le 6 juillet, il trace une perspective des mutations qui nous attendent. Certaines sont déjà à l’œuvre : l'extension de la sous-traitance et de l'externalisation, l'aspiration à plus d'autonomie, la croissance des mobilités professionnelles. D'autres marquent des renversements de tendances - en matière de régulation financière et de normes sociales notamment.



Deux scénarios : plus d'autonomie ou plus de protection ?

Le premier dessine les contours d'une société marquée par l'essor des nouvelles technologies. Les entreprises s'organisent en réseaux, le travail devient nomade et le e-learning fait une véritable percée. Dans ce contexte, les salariés revendiquent plus d'autonomie et une forme de " salariat moins subordonné ". Parallèlement, la segmentation du marché du travail se renforce : les profils d'experts (ingénieurs, cadres) dotés de compétences techniques sont plus que jamais courtisés tandis que les exclus du monde numérique peinent à trouver leur place. Toutefois, cette " fragmentation accrue ne se traduit pas nécessairement par une dégradation de la situation ", note le CAS. Le travail peu qualifié " ne disparaîtra pas complètement ".

Le second scénario repose sur une protection plus soutenue des travailleurs. Les organisations internationales ont tiré ici les leçons de la crise économique de 2008 -2009 et ont imposé des normes sociales minimales. Dans cette hypothèse, la mondialisation n'est plus le chiffon rouge que l'on agite à première inquiétude venue : les pays émergents ont augmenté leurs coûts de production et les écarts de compétitivité se réduisent. Dans un même temps, les organisations syndicales tissent leur toile tans-frontières. L'ensemble des acteurs (partenaires sociaux, État, société civile) retrouvent des marges de manœuvre pour agir. En investissant notamment dans la formation et la sécurisation des parcours professionnels. Sans parvenir, toutefois, à assurer la " dynamique vertueuse d'amélioration des conditions d'emploi et de travail ".

Deux défis, quatre propositions

Pour répondre à ces défis, le groupe de travail, présidée par Odile Quintin, formule quatre propositions.

La création d'un compte individuel social de droits portables, s'appuyant sur le Compte-épargne-temps (CET) et le droit individuel à la formation (DIF). Objectif ? Donner aux salariés les moyens financiers de gérer seul leur employabilité. Autrement dit, ce compte financé par le DIF, le congé individuel de formation et le plan de formation, serait à la disposition de l'individu tout au long de sa carrière pour qu'il puisse mieux maîtriser ses transitions professionnelles.

Le CAS imagine même qu'il pourrait également inclure les droits individuels à la qualification, au bilan de compétences, à la validation des acquis de l'expérience (VAE), voire l'obligation de reclassement en cas de licenciement... Il s'agirait alors d'un changement " fondamental de logique dans le fonctionnement du marché du travail ", poursuivent les experts.

L'amélioration de la qualité du travail. Un enjeu important pour les employeurs qui devront faire face à l'allongement de la durée d'activité et du vieillissement de la population active. Deux approches sont ici privilégiées, la gouvernance et la responsabilité sociale des entreprises RSE. Parmi les pistes évoquées, les experts citent la présence d'administrateurs salariés dans les conseils d'administration, les modes de rémunération des dirigeants liés à la performance sociale, la promotion de l'actionnariat salarié ou encore la création d'un véritable label "RSE " (Responsabilité sociale de l'entreprise).

Le CAS prône, par ailleurs, un meilleur ciblage, au niveau territorial, des publics éloignés de l'emploi et le maintien des dispositifs dormants (chômage partiel, par exemple) à activer en cas de crise de crise économique.

* Le travail et l'emploi dans 20 ans, CAS, juillet 2011.

Il y a 16 ans déjà...

En 1995, Jean Boissonnat, président de la commission travail au sein du Commissariat au plan de l'époque, prenait acte (1) de la fin du modèle de l'emploi salarié à durée indéterminée, à temps complet, dans un métier donné qui ne correspondait plus à toute une part de l'économie nouvelle. Il plaidait pour une refonte totale du droit du travail, en formulant notamment la proposition de " contrat d'activité " permettant au salarié d'enchaîner activités et /ou formations tout en préservant sa rémunération. Quatre ans plus tard, Alain Supiot, professeur à l'Université de Nantes, élargissait le concept en suggérant de créer les " droits de tirage sociaux ", donnant au travailleur la possibilité d'acquérir des crédits formation ou des crédits de temps libre à tout moment de sa carrière. L'origine, en quelque sorte de la sécurisation des parcours professionnels.

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